Bataille de Formigny
15 avril 1450
Vers la fin de la guerre de Cent Ans,
première utilisation d'artillerie de campagne
Le contexte
La cause des conflits connus sous le nom de guerre de Cent Ans, est , au XIVe siècle, la succession au trône de France. Certains Français ne voulant pas que, par les lois de l'hérrédité, la coronne revienne au descendant des Plantagenêts anglais, ni à Charles de Navarre dit le Mauvais, ce sont les Valois qui récupère le trône. La loi salique est bientôt exhumée, ou plutôt inventée, pour jusitifer a postériori le rejet d'Edouard III.
Mais au XVe siècle, avec Henri de Lancastre, la revendication anglaise n'est plusfondée. Sauf si on considère que son royaume est amputée de la France par la faure des Valois usurpateurs (le père Lancastre avait assassiné Richard II et usurpé son trône). Les enjeux sont économiques.
Les armées vivant sur le pays causent la lassitude des paysans. L'écart culturel avec les Godons (Anglais en France) suscite un sentiment favorable au souverain français. C'est l'essor d'un élan national. La résistance provoque la répression, surtout après la disparition en 1435, du duc de Bedford, régent anglais. La tête d'un rebelle français vaut 6 livres (soit 4 semaines de solde d'un homme d'armes).
Les deux adversaires sont épuisés. La trève de Tours est signée le 28 mai 1444 pour 5 ans (jusqu'à juin 1449) entre les représentants de Charles VII de France et de Henri VI d'Angleterre. La grogne des Lords envers le Roi, le fait que la Reine soit d'origine française, l'influence de conseiller du Suffolk, vont affaiblir encore plus les Anglais (avant de déboucher sur les guerre civile des Deux-Roses 1455-1485).
1429 Territoires contrôlés par Henri V Territoires contrôlés par le duc de Bourgogne Territoires contrôlés par le dauphin Charles Principales batailles
Raid anglais de 1415
Itinéraire de Jeanne d'Arc vers Reims en 1429
Connétalbe Arthur de Richemont réorganise l'armée française en créant les Compagnies de l'Ordonnance, payées à l'année. Les frères Bureau ont mis en état le parc d'artillerie et le gênois Louis Giribaut invente un chariot pour les couleuvrines :
c'est la première artillerie de campagne
La fin de l'occupation anglaise en Normandie pendant la guerre de Cent ans a été marquée par une campagne militaire très rapide, débutée à l'été 1449 et qui s'avère un an plus tard par la chuté de Caen. L'armée de Charles VII disciplinée, bien commandée et surtout aidée d'une puissante artillerie a pu, au cours de ces opérations qui se sont, fait nouveau, prolongées pendant l'hiver, reprendre un à un les châteaux ou les villes tenues par des garnisons anglaises isolées, démotivées et abandonnées par Londres.
La seule tentative de porter assistance aux troupes anglaises stationnées sut le continenet fut l'envoi, en mars 1450, d'un corps expéditionnaire de 3 000 hommes, commandés par le Capitaine Thomas Kyriel. Cette petite armée débarque à Cherbourg, s'attarde en Cotentin où elle reprend un certain nombre de places fortes, avant de se diriger vers Bayeux et Caen.
La trève est brisée
Le 25 mars 1449, François de Surienne, dit l'Aragonais, Capitaine de Verneuil, écorcheur (pillard), chevalier de la Jarretière, prend Fougères. Charles VII défend la cause du duc François 1er de Bretagne, son vassal. Edmond de Somerset, gouverneur de Rouen répond : "je désavoue ceux qui l'onprise, je suis joyeux de la prise et je n'essaierai pas de la faire rendre" : le trève est rompue.
Mais quatre armées françaises sont prêtes. Le 15 mai, Robert de Floques, bailli d'Evreux reprend Pont de l'Arche et bientôt Conches. Puis c'est le tour de Verneuil, Pont Audemer, Lisieux. Rouen tombe le 29 octobre. Le 10 novembre, Charles VII y fait son entrée solennelle. La Normandie est reconquise jusqu'à la Dive. Les troupes du connétable libèrent le sud du Cotentin. Il ne reste aux anglais que 8 villes fortes : Caen, Falaise, Vire, Bayeux, Avranches, Bricquebec, Saint-Sauveur-le-Vicomte et Cherbourg.
Portant tous les espoirs de Somerset, Thomas Kyriel débarque à Cherbourg ses 3 ou 4 000 hommes. Avec le renfort des 1 800 ou 2 000 cavaliers venus avec Richard Vere (lieutenant de Somerset lequel est réfugié à Caen depuis la prise de Rouen en 1449), Matthew Goth, gouverneur de Bayeux et Henry Norberny, gouverneur de Vire, Valognes est investie le 27 mars. Elle succombe le 7 ou 12 avril.
Le Comte Jean de Clermont (gendre du roi) arrive trop tard avec ses 3 000 hommes. Il voit les anglais passer les gués des Veys le 14 avril, en direction de Bayeux et Caen. La marée l'empêche de les gêner. Il envoie demander l'aide du Connétable de Richemont qui, de Coutances, vient d'arriver à saint-Lô.
La plupart de ses capitaines étant occupés plus à l'est, Charles VII envoie pour intercepter Kyriel le jeune Jean de Clermont, fils du duc de Bourbon, alors à Carentan, qui n'a à sa disposition que 3 000 hommes. C'est bien insuffisant pour s'opposer à l'armée anglaise qui s'est grossie de contigents issus des garnisons du Cotentin et de renforts envoyés par les villes de Caen, Bayeux et Vire et en compte 2 000 de plus. Prudent, Clermont suit à distance les anglais en empêchant ses officiers de les affronter. En revanche, il envoie un message à Arthur de Richemont, connétable de France, qui campe avec les troupes bretonnes à Saint-Lô. il lui demande de le rejoindre et de couper la route aux anglais un peu avant Bayeux. Richemont, à marche forcée, commence sa chevauchée, tandis que Clermont a de plus en plus de mal à retenir ses compagnons, imprudemment pressés d'en découdre avec les anglais.
Les lieux
Le 14, les anglais établissent leur campement sur le plateau de Formigny. Ils espèrent renouveller les exploits des grandes chevauchés de 1346 (Crécy) et 1415 (Azincourt). Le matin du 15 avril, les cavaliers partent vers Bayeux. Les fantassins prennent la même direction.
C'est dans les champs d'Aignerville, au matin du 15 avril 1450, que les deux armées se rejoingnent. Les Anglais levaient le camp pour se diriger tranquillement vers Bayeux quand apparait l'avant garde française.
Mais les Français qui ont enfin passé le Petit Vey surgissent derrière eux : Kyriel rappelle la cavalerie. Il prend position sur la rive droite du ruisseau du Val de Formigny. Attente de trois heurs durant lesquelles les Godons creusent fossés et pièges.
La bataille
En six étapes, voici le déroulement de la bataille de Formigny. Deux éléments sont cependant à prendre avec prudence : il est en effet relativement difficile de localiser précisément les positions des troupes qui ont pu se rencontrer un peu plus au nord du site (le ruisseau de Formigny, cité dans les chroniques et derrières lequel les anglais se mettent à l'abri après leur repli, est par contre un repère sûr). D'autre part, la topographie exacte des lieux au milieu du XVè, la position des chemins, des haies, des bois et des maisons, nous est inconnue.
1ère phase :
Matinée du 15 avril 1450 : alors qu'ils levaient tranquillement le camp et s'apprêtaient à reprendre la route de Bayeux, les anglais sont rejoints par l'armée de Clermont, venant de l'ouest, bien décidée à interrompre leur marche. Fidèle à la bonne vieille stragédie anglaise, Kyriel fait mettre ses troupes en bataille, les archers devant, protégés par des pieux et attend. Tous les cavaliers descendent de cheval, seuls restent montés ceux qui font parti de la réserve sur le flanc gauche, au sud. Le flanc droit, au nord est renforcé par un petit réduit fortifié, un "taudis". Clermont, particulièrement prudent, maintien son armée de portée des flèches anglaises, et ne fait avancer que son artillerie, qui commence à faire des ravages parmis les archers ennemis.
2ème phase :
Exaspéré par les pertes que cause parmi ses archers l'artillerie française, Kyriel fait envoyer contre elle une compagnie de hallebardiers qui met mal les artilleurs ennemmis. Ces derniers y perdent deux couleuvrines et doivent cesser leur tir. Clermont commence à être particulièrement : si son armée est encore intacte, elle est inférieure en nombre à celle de Kyriel et aucune ne lui est parvenue du Connétable de Richemont dont il attend des secours.
3ème phase :
Pour dégager les artilleurs français, la Maréchal de Dreux, Pierre de Brézé lance un assaut vers les fantassins ennemis. La lutte entre vougiers et hallebardiers est particulièrement vive, au milieu des canons muets, des tonneaux à poudre et des mantelets lardés de fléches. Finalement, les Français parviennent à reconquérir leurs pièces d'artillerie, tandis que les Anglais rejoingnent leurs lignes. Sur les hauteus dominant le champ de bataille, vient d'apparaitre une armée que les Anglais avec force hurlements de joie, prennent d'abord pour celle envoyée en renfort par le Duc Sommerset.
4ème phase :
Vers midi, malheureusement pour les Anglais, cette nouvelle armée qui se profile sur la crête est celle du Connétable de Richemont qui, à marche frocée et guidé par les coups de canon rejoint enfin son allié Français.
Examinant rapidement la situation, Richemont divise son armée en deux :
La cavalerie, commandée par le bâtard de la Trémouille, dévale la colline et vient heurter les cavaliers de la réserve anglaise. Ces derniers surpris finissent par se replier vers le village de Formigny, à l'arrière de leurs troupes. L'infanterie, quant à elle, passe le ruisseau et va rejoindre le gros de l'armée française où elle est accueillie avec chaleur.
5ème phase :
Sous le coup de la charge des bretons, Kyriel perd son sang froid. Il ordonne le repli de toute son armée derrière le ruisseau de Formigny, rendant ainsi inutilisable les retranchements derrière lesquels s'abritaient ses archers. Il permet ainsi l'achèvement de la jonction entre bretons et français. Appuyés le dos au village et aux haies des vergers, les Anglais sont bien décidés à tenir le pont qui défend leurs lignes.
Les français s'en prennent d'abord au taudis qui défendait le flanc droit de l'armée ennemi et le neutralisent. Puis ils se lancent à l'assaut du pont, là où une trentaine d'années plus tard, Jean, devenu de Bourbon dera édifier une chapelle en action de grâce pour sa première victoire militaire (chapelle Saint-Louis).
6ème phase :
Destabilisés, ayant perdu leur cohésion et leur effet de masse au milieu des jardins et des vergers, les Anglais ont du mal à résister aux assauls franco-bretons, sauf au miveau du pont, où la lutte est acharnée. Malgrè leur vaillance, les capitaines anglais sont obligés de se rendr, comme Kyriel, leur chef blessé au combat. Les soldats de moindre envergure sont poursuivis dans les jardins du village et achevés sur place, les paysans des environs se mettant de la partie pour achever de détruire ce qui reste de l'armée anglaise. Matthieu Gough et De Véré, réussissent à fuir en bon ordre jusqu'à Bayeux, avec un millier de combattants.
4 000 morts environ seront relevés sur le champ de bataille, enterrés dans 14 fosses creusées sur le site.